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Un proviseur de lycée américain avait coutume d'envoyer cette lettre lors de chaque rentrée scolaire à
l'ensemble des enseignants de son établissement :
"Cher professeur, je suis un survivant des Camps de concentration.
Mes yeux ont vu ce qu'aucun homme ne devait voir :
Des chambres à gaz construites par des ingénieurs instruits.
Des enfants empoisonnés par des praticiens éduqués.
Des nourrissons tués par des infirmières entraînées.
Des femmes et des bébés exécutés et brûlés par des diplômés de collège et d'universités.
Je me méfie donc de l'éducation.
Ma requête est la suivante : aidez vos élèves à devenir des êtres humains.
Vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits. La lecture,
l'écriture, l'arithmétique ne sont importantes que si elles servent à rendre nos enfants plus humains. (...)
Annick Cojean, extrait des Mémoires
de la Shoah
Confrontation avec l'histoire, Le Monde, avril 1996.
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Entrée inopinée des je t'aime, en équilibre sur une pierre anguleuse de fil en aiguille, elle pense l'amour
n'est pas un fléau et balance idées noires dans le gouffre à jamais vers la sortie.
Emporté au fil de son eau, il n'est plus égaré dans l'édifice fragile de son coeur aux couloirs des sentiments enchevêtrés,
le labyrinthe.
H P
Quelques traces, des pas en circulation, sous les draps l'enfant dit je suis sous la neige, plus tard c'est Orfée qui a perdu Ariane ou le
minotaure qui n'en finit pas de dynamiter les remparts du labyrinthe, le merveilleux rencontre l'histoire, oreiller sous les reins, et la lune prise en otage dessine le
clair-obscur.
E G
Comme les limbes de la lune jonglent haut avec les étoiles en tes yeux posés sur mon empreinte un autre chemin.
Le rempart se métamorphose en ce milieu où les amours prennent racine et croissent jusqu'à complet développement, de la terre ensemencée à la mère délivrée, nourricière,
la matrice
H P
De toi et de moi un ou une résulte avec vaguement du vert ou du roux.
L'enfant se déploie à part entière et jamais de notre amour empirique ne se départit pour peu que nous ne lui cachions l'étendue du monde en pleine métamorphose.
Je voudrais rire toujours même accablée, j'aurais des bottes de sept lieues et je croquerais sans pitié tous les manants.
E G
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Die Liebe, mein Schatz, ist bodenlos
Dans l'amour, mon amour, on n'a pas pied.
Charlotte Salomon
Charlotte Salomon est née dans une famille juive en 1917 à Berlin. Après la Nuit de Cristal, fin 1938, elle est envoyée sur la Côte d'Azur. Hantée
par de nombreux suicides dans sa famille, exilée, elle réalise de 1940 à 1942 « Vie ? ou Théâtre ? », une trilogie avec près de 800 gouaches, des textes et des partitions musicales. Elle avait 26
ans lorsqu'elle fut arrêtée et gazée à Auschwitz.
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Portrait inachevé, à découvert elle dévoile ses plus secrètes pensées avec enthousiasme sans perdre de vue
le sujet tandis que le ciel se couvre de nuances.
Un nuage avec bonheur -mon regard bleu posé au néon de son corps, ses épaules, sa nuque, ses cheveux, son nombril, le nectar- flotte dans les airs,
Nue.
H.P.
Ce n'est pas évident de crayonner le nu. Il prendra formes avec son regard à Lui. Elle a du mal avec
l'autoportrait comme si l'Histoire lui collait aux os, stupide caboche qui enfin se tait en visitant ton corps de mes lèvres. Il fait bon silence.
E.G.
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A l'ombre de l'olivier millénaire l'ovale de son visage oscille, sa bouche oblique des mots en sucre d'orge,
introspection off.
L'argent recouvre le bleu de la mer et ce mouvement amoureux d'eux, des vagues circulaires concentriques qui se propagent en s'étendant,
l'onde.
Avant même d'ouvrir la bouche, tu m'encercles, qu'y puis-je, de valse à plein temps, et tourne tourne la marquise d'O sans vent contraire.
emmanuelle grangé, hervé pizon
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C'est en silence même des mots,
Là au creux des vagues profondes
Le manque -non plutôt l'attente-
Hante entre les lignes
Un intervalle dans tes pas
C'est dans l'absence de ta présence
Ecrit pudique en hiver et printemps
Avec légèreté dans le trop-plein
Des parler et rire et marcher
C'est par essence la vitalité
Et la fulgurance du sentiment
En marge de lui de l'urgence
Ne pas
Se louper
Corps tièdes
Et bouches sèches
Un verre d'eau
Ce n'est pas
L'amour
Mon amour, non.
C'est notre amour.
hervé pizon
-
dans
De l'amour
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Suivre le précepte à la lettre : entrer dans la danse, l'onde, le port, la passerelle,
amarres larguées, pied marin, caboches penchées par dessus le bastingage, peaux hâlées caressées, plongée en
paysage et parfum, ici et là, la Côte d'Amour, la presqu'île de Guérande...
Si tu me dis que demain c'est aujourd'hui, ce sont nos genoux que je défie de ne plus se
plier sur quelque tapis. Oh, j'ai vu un film, un bateau à Sète se prenait pour un restaurant et une fille le faisait tanguer de son ventre jusqu'à mes larmes, tu le vois, dis
!
La côte de Grâce existe, sais-tu, mon amour ?
Priorité à la pensée d'eux du paradis possible, baisers aux particules salées prémédités,
partir.
C'est étrange comme tout se tait...
Emmanuelle Grangé, Hervé Pizon
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hervé pizon
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dans
Images
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- Au port de nos sens quel divin chambardement, sur le débarcadère, quintessence du silence et tous ces
bateaux qui s'envolent sirènes hurlant.
- Marchons encore même si l'air bleuit nos lèvres.
- Tu as froid ?
- Juste à la surface.
- Mon quattrocento,
- Je veux aller encore aux Roches Noires avec toi.
- De mes bras longs ton esquisse douce j'encercle sans quadrature, valises trop lourdes quiproquos laissés à quai.
- Tu m'apaises bien de ta bouche, tu ris, et nous de concert à quatre mains.
emmanuelle grangé & hervé pizon
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Marée basse, de la plage j'observe la scène ce rendez-vous d'elle par ricochet avec le rivage,
recroquevillée, roulé-boulé radical dans le sable -les yeux piquent- razzia sur les remous et reflux sans retenue. Nager loin très loin, remuer le moindre recoin et repli, réfugiée à la racine
des vagues. Donner la réplique, regorger, rejaillir, récolter, receler, rejoindre, rallier. Un réverbère rayon sur ses cheveux roux, une mèche rebelle, l'eau ruisselle sur mes épaules, je sens et
touche sa peau, de ce qui m'est chair,
rare.
Tu chantes, je ne le savais pas, là où tu t'inspires, là je repose, ravie près de la nuque indice si remuant. Rose le ciel bien sûr en errance du train, me voici bête en tête de quai, je ne le
fais pas exprès, qui le croira sauf celui baisant les lèvres chaudes d'un repas en Italie près d'un marché fermé et du soleil à contre-jour. Fermons les yeux, et nos mains serrées, je respire à
peine, et toi ?
emmanuelle grangé, hervé pizon