21 mai 2008
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Ce pont de nous, aimer
Passage dérobé au monde
Interstice en quinquonce
Intense, itératif.
hervé pizon
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Ton absence. A Pierrefeu, la vigne des Gravoches manque déjà d’eau. Le manque de toi, à peine
oublié lors de la fête des amis au Domaine de Turenne, les cris des jeux des enfants, ceux de la Nona, qui garde fière son accent des Pouilles, et la truffe ramenée la veille par Caruso, et les
jolies lumières qui courent entre les platanes, et les rires qui accompagnent le très bon rosé de saignée. Mon coeur, défaut de ta présence, défaut de la nécessité de toi. Toutes les bouteilles
sont vides. L’eau manque déjà, comme tu me manques ma rosée.
hervé pizon
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Les vignes d'elle
21 mai 2008
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10:05
Je sens l’odeur de la terre dans les vignes si proches, juste après l’ondée. Ce soir là, nous
avions encore beaucoup parlé, je t’embrasse à demi-mot, je m’abreuve entier à tes mots, à ton chant d’ivresse, au plus fin et délicat des Côtes de nos Nuits, amour suave à Chambolle-Musigny, rond,
le vin de dentelle, tombée, exhale un bouquet de violette et de fraise des bois, ou encore de framboise et de cassis, les crus des Amoureuses et de tes Charmes; j’ai toujours aimé par dessus tout
ce vin féminin, toi.
hervé pizon
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Les vignes d'elle
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Léger est l'air -j'avance en ryhtme-
Loin de terre près des toi sauvages
Dans ma bulle, je vole régulier
Vers le vent d'où ? Ailes de libellule
Bleu dans le ciel je bats la mesure
Loin très loin de ton fiel
Et moi, je survole mon sujet
Serein comme un rouge-gorge
En haut une branche j'accroche
Loin est cette lune rousse
Je dérobe chaque étoile
Avec le panache de l'écureuil
Vaste cratère j'atterris en cadence
Loin de toute terre bleue
L'âme aiguisée, j'ai le choeur léger
Sans gravité, enfant aux chevaux dorés
hervé pizon
21 mai 2008
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Je me souviens parfaitement bien. C’était au Roy d’Espagne à Bruxelles. La porte de la
brasserie s’est entrouverte et il y eut silence, quelque chose qui arrête le temps, et tous les regards se sont tournés vers toi, et c’était toute mon obsession de la lumière et du mouvement, là
devant moi, précisément à l’instant, échappée d’un portrait de Van Eyck, la minutie du détail, le grain de la peau, les boucles des cheveux, la pâleur et la douceur du visage, la perspective et
la fuite sur la Grand’ Place. Peu de temps auparavant, j’avais bu un divin au Comme chez soi, liqueur absolue exquise, issue du pressage des raisins dans leur prison de glace,
eißwein.
hervé pizon
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Les vignes d'elle
21 mai 2008
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10:03
Vent de ton sommeil léger tout contre moi,
cheveux épars filets sur la nuque belle,
yeux gris ouverts, tel Atlas,
condamné à regarder le monde de tes épaules nues.
hervé pizon
21 mai 2008
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10:03
La bouteille est dans ma cave sur le casier du haut. A part, comme une évidence. Je ne sais pas
avec qui je boirai cette bouteille. Quelques semaines avant, il avait demandé à son frère d’aller à Chambolle chez mon amie Ghislaine. Mon père y faisait régulièrement les vendanges, y passait
deux ou trois fois par an, et une bouteille l’attendait là-bas. Son frère avait dû répondre, tu es trop fatigué, nous irons plus tard. Trop tard, mon père partait. C’était il y a six ans, et s’il
y avait une vie pour lui, la seule c’était avant. La bouteille, c’est un Chambolle-Musigny Charmes, l’un de mes vins préférés, c’est comme croquer dans des framboises. La bouteille est dans ma
cave.
21 mai 2008
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pêche
fructueuse
pêche
blanche
rouge
dépêche
amoureuse
hervé pizon
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De l'amour
21 mai 2008
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Plein soleil. Un sol de marne bleue recouvert d’éboulis calcaires blancs, je te garderai toujours des vents
froids. Un an après la récolte, soutiré en fûts de chênes épais, il dort ainsi 6 ans sans être ouillé. Il se cache, couvert d’un voile épais grisâtre qu’il quittera pour l’or et l’ambre. Ce
phénomème exceptionnel n’existe qu’ici et en Espagne. Je t’offre un bouquet champêtre. Le sien est curieux, puissant,il évoque la noix. Les aimes-tu ?
Sa bouteille trapue était autrefois fabriquée à la main exclusivement à la Vieille Loye, à côté de chez moi. Une contenance à part, 62 cl, un
défi et une résistance aux normes usuelles, la part des anges dit-on ici dans le Jura. Le vin jaune, sa vie est très longue... Parfois plus d’un siècle. Alors je pense à elle, partie avant la
fin.
hervé pizon
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Les vignes d'elle
21 mai 2008
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10:01
J'ai pas froid au yeux gris juste le front un peu chaud, ça pulse plus vite encore et en corps j'avance au soleil
lumineux amour, au carrefour je précipite ma course, sur les zébras tu es là enfin, tes bras.
hervé pizon
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L'avenue